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DE LA VILLE DE PARIS.
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nier contre Ies ennemys de Dieu et du Roy, près Congnac en Poictou, en laquelle le prince de Condé, chef de l'armée des rebelles, fut,occis avecq plusieurs notables et grans seigneurs de France, estans de sa lignée et suitte, et autre grand nombre prins prisonniers. Et par la grace de Dieu nul personnaige notable de la part de l'armée du Roy, soubz la conduicte de mond, seigneur duc d'Anjou, a esté occis, et bien peu de soldats*1'.
Et pour rendre graces à Dieu de lad. victoire, auroit led. seigneur duc d'Alençon, Gouverneur de Paris, commandé de chanter à l'eglise Nostre Dame ung Thedeon, auquel Messieurs de la court de Parlement, et Messieurs les Prevost des Marchans et Eschevins auroient, par le commandement dud. seigneur, assisté.
Et led. jour de rellevée, mesd. sieurs les Prevost des Marchans et Eschevins auroient faict faire ung feu de joye devant l'Hostel de Ville; et estant allumé,
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se seroient transportez en l'eglise Sainct Jehan en Greve, où auroient faict chanter ung Salut et ung Te Deum -*2).
Et ce faict, fut expedié mandemens aux Quarteniers de la Ville, dont la teneur ensuict : '
s De par Jes Prevost des Marchans et Eschevins de la ville de Paris.
"M0 Robert Danetz, Quartenier de lad. Villé, faictes signiffier à vos cinquanteniers et dixiniers qu'ilz facent commandement ti tous les bourgeois de vostredict quartier qu'ilz aient à faire ce jour d'huy feux de joye, en louant et priant Dieu pour la victoire que le Roy a obtenue contre les rebelles et ennemys de Sa Majesté. Et à ce n'y faictes faulte.
"Faict au Bureau de lad. Ville, le xvuie Mars i56g.x
Pareilz mandemens ont esté envoiez aux autres Quarteniers de lad. Ville.
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'') Le s'de Losse, après sa visite à l'Hôtel de Ville, se rendit, accompagné du Prévôt des Marchands, au Parlement, où il fita nouveau le récit de la-bataille de Jarnac. Le Greffier de la Cour transcrivit sur son registre le détail de son discours; nous le reproduirons ici pour suppléer au laconisme du Greffier de la Ville: o Ce jour [vendredi xviu° Mars m. v° lxix], le sr de Losaes, chevalier de l'ordre du Roy, l'un des capitaines de ses gardes, assisté du s'de Villeroy, Prevost des Marchans, qui a dict accompaigner led. sieur de Losses pour les bonnes nouvelles qu'il portoit, est venu en la Court et a dict que, passant icy pour aller vers le Roy, par commandement de monseigneur son frere, il n'avoit voulu faillir advertir monseigneur le Duc, aussi frere du Roy, et ceste compaignie que, dymanche dernier, treiziesme de ce moys, l'armée de mond, seigneur, voulant entrer dedans Jarnac, celle des ennemys la voulant empescher, chacun s'estoit si bien joinct aux mains qu'il y eut bataille, et la victoire est demourée à mond, seigneur. Y sont demourez tuez par l'infanterie de France le prince de Condé et le .conte de Montgommery, sr des Chasteliers, Portault et Stuard, Ecossoys; de prisonniers le conte de Choizy, La Noue et aultres plusieurs, desquelz il n'a, à son parlement soudain, sceu sçavoir les noms. L'admirai que l'on dict blessé en une espaulle et le prince de Navarre se sont mis en fuytte. Une partie de la gendarmerie desdictz ennemys a esté contraincte se sauver dedans Coignac, Xainctes ct Sainct Jehan d'Angély à vauderoulle, comme perdriaux csgarez. Des nostres, le sr de Montsallez, le jeune Clermont Tallart et ung filz de luy de Losses, avecques peu d'aultres, ont été blecez. Ne veult obmectre ù dire qu'il ne vit jamais prince ny gentilhomme plus en ardeur de poursuyvre on bataille l'ennemy, que mond, seigneur frere du Roy; et furent tous ceulx qui estoient près sa personne d'advis de mectre au devant de luy quarante chevaulx pour le garder de dangier et de se desbander, mais il luy fallut faire voye. Asseure lad. Court avoir veu ce que dessus et led. prince de Condé mort, en chausses et pourpoinct, despoùillé de ses habillemens et desbolté d'une botte, ayant sur l'aultre ung espron damasquiné. Jamais ne fut possible le sauver des mains des soldatz, combien qu'on leur criast à haulte voix : ttSauvez monsieur le Prince; vous aurez deux cens mil escuz de rançon-. Il eut après sa mort cent mil coupz. Et lorsque son corps fut porté devant mondict seigneur, il prononcea : -Hélas! que ce pauvre homme a faict de maulx». A tant led. sr dé Losses s'est retiré." (Archives nat., X" 1625, fol. 619.) — Nous avons donné ce récit, parce que tel quel, c'est évidemment, à peu de chose près, celui qui fut exposé au Bureau de la Ville. S'il est incomplet et inexact en quelques points, tels quc la mort de Montgommery et la blessure de l'Amiral, c'est que le sr de Losse, comme il nous l'apprend lui-même, était parti du champ de bataille méme, avant d'avoir pu être complètement renseigné; il a par suite l'avantage de faire connaitre l'impression première de l'entourage du duc d'Anjou, à l'issue du combat. Cf. les relations de deux témoins oculaires, Castelnau-Muuvissière et La Noue. (Mémoires, coll. Michaud et Poujoulat, 1" série, t. IX, p. 535 à 537 et 63o.) Voir aussi Le vray discours de la bataille donnée par Monsieur, le i3marsi56g, entre Chasteauneuf et Jarnac, publié dans les Archives curieuses de l'histoire de France, par Cimber et Danjou, 1" série, t. Vl, p. 365, et la description technique de la bataille de Jarnac par M. le duc d'Aumale, Histoire des princes de Condé, in-8°, t. 11, p. 60-72. M. B. Ledain a publié, dans le tome XII des Archives historiques du Poitou (Poitiers, 1882, in-8°), les Lettres adressées ii Guy de Daillon, comte du Lude, gouverneur de Poitou (1557-1585), dans lesquelles on trouve des renseignements importants sur cette campagne.
(21 Nous emprunterons encore au Greffier du Parlement la description des fêtes qui eurent lieu à l'occasion de la victoire de Jarnac. La cérémonie religieuse y est plus circonstanciée que dans le Registre de la Ville. Après qne le s' de Losse, porteur de la nouvelle , se fut retiré, la Cour envoya un deses présidents, René Baillet, vers le duc d'Alençon pour lui demander s'il ne convenait pas défaire chanter immédiatement nn Te Deum. Le prince, ayant approuvé cette proposition, «lad. court, toutes les chambres d'icelle assemblées, est sur l'heure partie ct allée à pied à l'église de Paris,' s'est sise ez haultz ét bas sièges du cueur. Tost après y est arrivé mand. ssigneur le Duc, accompaigné des evesques d'Aucerre (Philibert Babou, cardinal de La Bourdaisière), de Meaulx (Jean Du Tillet), et de Saint-Flôùr
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